Carte Mémoire
Je pars faire un tour de mes souvenirs d'enfance, de ces moments gravés profondément dans ma mémoire grâce au jeu vidéo.
Le joueur tranquille
Ici c'est chez moi, alors j'ouvre les malles du grenier et je fouille, pour retrouver ce qui a façonné mon identité de joueur. Des souvenirs vidéoludiques divers, en m'excusant par avance pour cette liste à la Prévert.


Article publiée le 11/11/2025


Équipés d'une Super Nintendo et d'une Nintendo 64, j'ai pu m'imprégner de l'univers du moustachu chez mes cousins. Particulièrement sur Super Mario 64 ou dans le mode combat de Super Mario Bros 3. Le thème du Château me renvoie instantanément à cette période. C'est aussi Le Livre de la jungle qui nous a donné le plus de fil à retordre. Nous n'avons jamais dépassé l'affrontement avec Kaa. Et c'est peut-être à l'arrivée de la GameCube, qu'ils m'ont cédé leur Super Nintendo. Une joie indescriptible ! Fini l'unique perspective des vacances passées chez eux, ou des Noëls où ils embarquaient leur console. J'allais pouvoir jouer chez moi ! Qui remercier pour cette décision ? Mes parents, mon oncle et ma tante, mon cousin de quelques années mon aîné ? Mystère... Mais c'était sans compter sur mon plus jeune cousin, qui avant mon départ, a caché la console, refusant de me la donner. Elle a refait surface, de justesse, dans le panier à linge sale. Quel soulagement. J'avais donc une Super Nintendo !
C'est aussi à cette époque qu'Age of Empires II tournait sur le Mac de leur bureau. Un jeu à l'introduction épique, proposant un gameplay sérieux et exigeant, intimidant pour mon âge mais absolument fascinant. Je rentrais chez moi et m'imaginais des parties endiablées, en utilisant Paint pour me représenter les unités. Un peu d'imagination, une page blanche et c'était parti.


Dès lors, le jeu vidéo s'est installé dans mon esprit. Il a pris ses quartiers sans payer de loyer. Beaucoup de temps passé à imaginer ce que ce devait être de jouer à ces jeux et de fantasmer sur l'arrivée d'une prochaine console. Une découverte perpétuelle d'univers, de gameplay, au détour d'une visite chez un ami, d'un banc au parc, ou d'un magazine. Je me souviens d'avoir littéralement rêvé d'avoir une Game Boy Micro, allez savoir pourquoi. Cette pratique du jeu vidéo, souvent par hasard et par procuration, a fait naître une envie de jouer qui ne m'a pas quitté.
Et il y a eu l'arrivée de la Game Boy Color, achetée par mon père lors d'un voyage en Corée. J'avais reçu une soixantaine de jeux en une cartouche bootleg. Rouge, Bleu, Jaune Or et Argent, il y avait tout, enfin ! En japonais, et en anglais. J'associe ce souvenir au quartier où nous habitions, comme si je l'avais déballée dans la rue. C'était à cette période que Pokémon est devenu ce phénomène indissociable de la Game Boy. J'avais même vu un enfant jouer à une version où les dresseurs combattaient à la place des Pokémon. Si si, je vous jure ! Un coup d'Action Replay sans doute. Je me rappelle être très souvent bloqué, particulièrement dans l'Arène du Major Bob avec ses poubelles. Foutu anglais. Mais quel voyage ! J'étais fasciné par la 2e génération et son cycle jour nuit. Des jeux exigeants mais tellement porteur d'imaginaire. Un petit peu de Looney Tunes sur Game Boy, de Dr Mario et les piles étaient fichues.
Au plus loin, je ne sais pas vraiment. Certainement, un jeu éducatif testé dans la médiathèque de mon village de naissance. Peut-être ceux de Pomme d'Api, sorti en 1998, développé par Bayard et distribué par Ubisoft. Je devais avoir 3 ou 4 ans. Difficile d'en dire plus, mais c'est là et ça reste. C'est sans doute à cette période que j'ai collectionné des vignettes (avec des boites de céréales ?), pour gagner les Schtroumpfs développé par Infogrames. Pas de souvenir de sa difficulté, quand on est petit on est déjà bien content de jouer. Je me prenais à rêver qu'un bonbon sorte du lecteur de CD-ROM, de l'ordinateur portable de mon père. C'est aussi dans une boite de céréales que j'ai trouvé le jeu Mission Kellogg's. Un jeu affreux, à tout point de vue, dont je me souviens avoir parcouru les niveaux avec cette angoisse que me procuraient les jeux en 3D de l'époque. Une drôle de sensation de peur de perdre, mêlée à l'impression que le jeu pouvait à tout moment me surprendre et m'afficher des éléments qui buguaient, ou juste étrange. J'étais plus serein sur les Schtroumpfs. C'est en jouant à Nanosaur, sur l'ordinateur d'un ami de la famille, que j'ai le plus angoissé. Pas étonnant, tant le jeu était intense avec sa distance d'affichage minuscule et ses T-Rex qui rodaient. Mais c'est surtout son écran de score, affichant une spirale en 3D, qui a imprégné ma rétine. Un crainte tenace que le jeu prenne le contrôle et affiche dans l'ombre quelque chose d'effrayant. J'ai refait un tour sur des captures du jeu et je suis loin d'être guéri de cette angoisse.




Puis la Game Boy Advance est arrivée sans qu'elle me fasse de l'oeil, trop occupé par ma Game Boy Color. Mais c'est la Game Boy Advance SP, que je convoitais avec impatience. Ma première commande d'un cadeau sans passer par le père Noël. Je me rappelle de mon père, m'appelant pendant le réveillon pour me montrer qu'elle était bien là, pas encore emballé. Rouge en plus, trop cool. Seul problème, le jeu Medal of Honor qui allait avec, acheté par mes grands-parents. Merci pour les conseils, vendeur. Récupéré par ma mère, c'en était fini de cette violence historique, à mon grand dam, n'ayant pas d'autre jeu. ll a fini par être échangé pour Mario Kart, et la SP a répondu à toutes mes attentes. Je l'ai ainsi posée religieusement sur la tablette de mon lit en hauteur, pour me faire réveiller par ma mère et l'introduction de Mario Kart Super Circuit sortant de ma console, sur le sol mais sans égratignure. Foutu tablette. Mon grand-père se procurait des jeux empruntés auprès d'une connaissance, j'y jouais quelque temps et les rendait. Des jeux Color et Advance, comme MicroMachine. Un chouette souvenir. Et c'est lors d'un trajet en voiture, que j'ai reçu Pokemon Ruby, acheté dans une grande surface. Je ressens encore la joie d'avoir sa boite rouge entre les mains. Un cadeau en dehors des fêtes en plus ! Il est arrivé au bon moment, j'étais assez jeune pour être pleinement émerveillé et ressentir le souffle épique de ce voyage, et suffisamment grand pour en comprendre les mécaniques. Ce jeu m'a accompagné longtemps et je me rappelle très bien, à l'approche du départ de ma mère pour quelques jours, me dire que je l'aurai pour tenir le coup.
De retour chez mes cousins, la GameCube était arrivée. De Zelda à Mario Kart, et surtout Mario Party 4 qui animait nos Noëls. Sans oublier Smash Bros Melee, avec son mode aventure, ses trophées à récupérer, ses personnages mystérieusement déblocables et sa musique légendaire. De quoi nous fumer les rétines entre deux repas. C'est l'arrivée du jeu XIII adapté de la BD, qui a scellé notre sort. C'était notre GoldenEye 007 à nous. À trois dans un mode capture the flag, aux maps variées, face à des adversaires redoutables et même "vicieux". Que de parties sur ce jeu. On a pu y refaire un tour, pour terminer le travail : finir une map contre des adversaires au niveau maximal. C'était ma première expérience d'un jeu de tir, certainement trop violent pour notre âge. J'avais d'ailleurs toujours un peu peur que quelqu'un soit alerté par nos cris et ceux du jeu. Mais nous rabattions la porte. Il nous est même arrivé de nous barricader à l'aide d'un jeu de briques en carton. Et sur le chemin de l'école, je repensais aux niveaux de XIII dans l'impatience d'y refaire un tour. Puis un peu de Paper Mario et de Luigi's Mansion bien sûr. Nous évoquions aussi la mystique "Révolution" et ses concepts arts plus ou moins officiels dans les magazines. La Wii approchait. Équipé à mon tour d'une GameCube, c'est avec Mario Kart: Double Dash!! que je me suis le plus amusé. Avec ma sœur, nous roulions en Versus, en imaginant notre vie en détournant complètement le jeu. Chacun avait sa maison et nous nous rendions visite. Mon père m'accompagnait aussi un peu en Grand Prix. Super Mario Sunshine, récupéré dans un bac à solde, m'a donné beaucoup de fil à retordre. Il s'en dégageait une atmosphère bien particulière, avec ses secrets et ses mystères dans son environnement chatoyant. Le jeu Harry Potter : Coupe du Monde de Quidditch, aussi récupéré par hasard, était bien plaisant.


Carte Mémoire
C'est maintenant au tour de la Wii. Reçue avec joie à un Noël, je l'ai vraiment adorée. Avec la "motion capture", c'était le futur. De Wii Sport, à Mario Galaxy 1 et 2, en passant par New Super Mario Bros. Mario Kart Wii, Super Smash Bros. Brawl et The Legend of Zelda: Twilight Princess. Sans connaître leur avenir, c'était pour moi l'apogée de ces licences. Mention particulière pour Mario Strikers Charged Football, dont j'ai arpenté le online avec mon cousin. La Wiimote, et ma grand-mère qui nous a demandé de "poser tout de suite ce téléphone !".
Cette pratique du jeu vidéo est indissociable de ma vie d'enfant avec ses amitiés, ses discussions de récréation et ses découvertes au hasard des lieux et de rencontres. J'ai pu apprendre l'existence des Sims 2 et de Donkey Konga avec ses Bongo chez l'un, SimCity 4 et Rayman chez un autre. Un ami, fan de cyclisme, poussait l'ordinateur portable de sa maison dans ses retranchements, avec ProCycling Manager. L'ordinateur surchauffait et s’éteignait immanquablement, à moins de remplir un sac de glace et d'eau et de le mettre en-dessous ? Malin ! Jusqu'à ce qu'il éclate, sans dégât apparemment. Très bonne découverte de StarFox Adventure sur GC prêté par un ami. Un peu de GTA III et IV, du rally avec volant, de l'Eye Toy même. Une petite approche de la PlayStation 1 et 2 avec Tomb Raider et Soul Calibur. Cette période, c'est aussi celle des jeux flash en ligne avec Miniclip. Un foisonnement de jeux, aux gameplay très divers en mécaniques et en qualité. Plus subversifs assurément. Et du World of Warcraft, que j'observais chez mes amis qui ne s'inquiétaient pas tellement que je n'y comprenne rien. Je vais m'arrêter au sommet, avec un tournoi de Tennis sur Wii Sport dans une Fnac, j'y ai battu un grand gaillard de deux fois mon âge. Je suis toujours étonné par la précision de mes souvenirs concernant ses jeux d'il y a plus de 20 ans. Je me rappelle très bien des lieux et d'avec qui j'y jouais. Comme si le jeu vidéo servait de catalyseur, et par sa seule présence avait gravé dans ma mémoire des souvenirs plus larges, réactivés par ma pratique continue de ces jeux et de leurs suites.








Je n'ai pas parlé de la DS ni des consoles qui ont suivi. Je n'ai pas évoqué mes rêves à 10 000 mètre d'altitude avec Flight Simulator X et mes atterrissages immanquablement ratés. Il faut bien s'arrêter quelque part. Voici donc la plupart de mes souvenirs vidéoludiques d'enfance. Je suis impressionné par leur nombre, leur diversité, et l'apparente fidélité avec laquelle ils me reviennent en mémoire. Sans le jeu vidéo, aurais-je autant de souvenirs de cette période ? Si je continue à jouer avec autant d'envie, c'est aussi parce que les jeux vidéo me permettent de dialoguer avec cette enfance. Comme je l'ai fait ici !
