[Test] Final Profit : A Shop RPG
Attaquons le capitalisme de l'intérieur, billet après billet, pour devenir la boss de cet étrange monde entre fantasy et modernité, dans ce test de Final Profit : A Shop RPG.
Le joueur tranquille
Final Profit: A Shop RPG est un jeu indépendant sorti le 6 mars 2023 sur PC. Il est développé par Brent Arnold qui continue d'enrichir son titre avec des mises à jour gratuites notamment un mode roguelike depuis la 1.3.
Brent Arnold a donné une passionnante interview à Game Developper, sur le développement de Final Profit et nous vous conseillons de la lire.


Test réalisé sur la version PC
Critique publiée le 31/10/2024


Revenons à Final Profit. Le jeu évite ces écueils en offrant une progression très bien rythmée. Brent Arnold a savamment dosé les phases actives du joueur et les automatisations. A peine le temps de se lasser d'une action, qu'on a déjà débloqué une manière d'automatiser la tâche. Pour vous donner un exemple, on commencera par faire manuellement le réassort du magasin et on l'automatisera rapidement en gagnant de l'argent. Ces améliorations touchent tous les secteurs du jeu, des déplacement, à l'achat des produits en passant par la fréquence des clients. Cette automatisation s'accompagne de l'apparition régulière de nouvelles mécaniques de jeu, c'est à dire de nouvelles façons de jouer (et donc de gagner de l'argent). Cette découverte permanente est diablement addictive. Le jeu devient plus rapide, les chiffres augmentent et on sent l’appât du gain monter. Pourquoi s'arrêter d'accumuler des richesses quand tout devient plus simple et quand on arrive même à faire rentrer de l'argent passivement ? Attendez, une minute... On était venu pour quoi déjà ?


Final Profit : A Shop RPG nous interroge ainsi de manière plurielle sur notre rapport au capitalisme. Ce questionnement est assumé de manière humoristique. On vend des battles pass et des lootbox qui gangrènent le jeu vidéo actuel. On approvisionne un petit dragon grossiste qui accumule les richesses. On met des distributeurs à boissons dans des bars et le château Marx est en difficulté. Final Profit, propose cependant des choix plus forts, privatiser ou nationaliser en perdant une partie du profit, compenser les arrêts maladies, reprendre le service public postal abandonné par le bureau of business pour le privatiser, offrir des moyens de transport à bas coût. Ces dilemmes sont amenés de manière légère et nous poussent gentiment à nous questionner. D'autant plus qu'on ne peut pas rester indifférent à notre plaisir de voir les chiffres augmenter, de s'extasier devant nos revenus locatifs et de nos bons coups en manipulant le cours des actions. Final Profit va loin dans les possibilités d'engranger des revenus et on se laisse happer très facilement. Pour autant, on regrette que le jeu ne nous confronte pas d'avantage à ce paradoxe et ne nous mette pas plus directement face à notre addiction capitalistique au gain inhérente au gameplay. Brent Arnold assume de laisser au joueur le choix de s'impliquer dans cette réflexion ou de la laisser à l'arrière-plan pour ceux qui souhaitent se concentrer sur l'augmentation de la richesse.
Mais Final Profit : A Shop RPG ne se résume pas à une simple simulation de gestion de magasin. C'est un véritable jeu d'aventure et d'exploration. Vu du dessus, on contrôle notre personnage dans différents environnements à la recherche de trésors, de nouvelles rencontres et de moyens de faire du profit. Le jeu fourmille de contenus à débloquer, de grottes à explorer et de passages secrets. Les dimensions de Final Profit sont pourtant appropriées aux ambitions du titre. On se repère facilement dans ce monde qui n'est pas gigantesque et les nouvelles zones se débloquent progressivement. On prend le temps d'explorer et l'absence de carte ne nous empêche pas de nous y retrouver. On peut parfois se sentir dépassé par les nombreuses rencontres et lieux qui nécessitent d'y revenir ultérieurement. Il faut accepter de les laisser de côté, de s'en souvenir ou parfois même de les oublier. On ne pourra pas tout faire et ce n'est pas grave. Final Profit est tout à fait indulgent dans sa progression. Le jeu peut se terminer en une petite vingtaine d'heures sans nécessiter de grind ou de débloquer des objets compliqués. Certaines et certains pourront y passer beaucoup plus de temps pour faire durer le plaisir de voir l'argent grimper et de débloquer différentes fins. Malgré l’absence de journal de quête, la progression est plutôt claire avec des PNJ qui nous rappellent où on en est. Bon, ce serait mentir de dire qu'on ne s'est pas appuyé sur une solution du jeu pour mieux nous rassurer dans la progression (et parce qu'on avait trop envie de savoir ce que débloqueraient certaines améliorations). Le jeu récompense notre exploration qui n'est jamais laborieuse. Cet aspect est aussi très addictif.
Final Profit marque aussi par ces personnages variés, inclusifs, son humour notamment par les bruitages faits par le créateur du jeu. Brent Arnold prend soin de distiller son histoire petit à petit avec des courtes cinématiques qui viennent entrecouper régulièrement notre aventure. C'est plaisant et on a envie d'en savoir plus. On reste impliqué dans ce récit en anglais qu'on a cependant parfois du mal à suivre de par la multitude de personnage et la primauté de l'action.
Tranquillité : 3,5/5
Par où commencer pour décrire Final Profit: A Shop RPG, un jeu si riche en mécaniques et à l'univers diablement biscornu ?
On incarne Biz, reine déchue du monde des fées qui souhaite renverser le capitalisme en devenant la plus riche. Biz découvrira sur son chemin des personnages hauts en couleur, faisant face à des dilemmes moraux tout en découvrant de nouvelles manières de faire du business. Pour le joueur, il s'agira de gérer un magasin, en découvrant de nouveaux objets, de nouveaux clients pour faire grimper notre pactole et atteindre le sommet du corrompu "Bureau of Business".
Final Profit s'apparente ainsi aux jeux incrémentaux dont l'objectif est de faire grossir des chiffres petits à petits en débloquant régulièrement des améliorations. Cookie Clicker en est l'exemple le plus célèbre. Encore faut-il savoir faire un bon jeu incrémental, car les écueils sont nombreux. La partie active du joueur peut être redondante, les améliorations insignifiantes ou inatteignables, la progression trop lente ou trop rapide. L'envie de progresser peut ainsi se perdre rapidement. Pourtant, certains jeux incrémentaux peuvent être diablement addictifs et tenir en haleine des joueurs pendant plusieurs mois voire années. Surtout quand ils proposent une progression passive notamment sur mobile, les nombres augmentant aussi quand le joueur n'est pas en jeu. Nous vous conseillons d'ailleurs l'excellent CIFI d'Octocub Studios qui est sans doute le meilleur idle game actuel sur mobile.


Jeu : 3,5/5




Final Profit est évidemment marqué par sa création sur RPG Maker. Plutôt adéquat tant Final Profit reprend les codes du RPG avec ses niveaux et son équipement. L'esthétique d'RPG Maker est cependant reconnaissable entre mille et pas franchement très agréable. Pourtant, Brent Arnold a tout fait pour se détacher de ce style en apportant beaucoup de soin dans la constitution des environnements, du design des personnages, dans l'éclairage et surtout la bande son du jeu. Il a lui-même composé une trentaine de titres qui participent beaucoup à s'affranchir de l'empreinte d'RPG Maker. Le moteur de jeu a été poussé dans ses retranchements et on ne peut que saluer la complexité des interconnections des systèmes mise en place. Le titre se paye même le luxe d'une scène post crédit en fausse 3D, sorte de pied de nez aux limites du moteur. Cette scène annonce d'ailleurs une suite.
Alors, est-ce qu'on est tranquille en jouant à Final Profit : A Shop RPG. Oui, plutôt ! Pour peu qu'on lise l'anglais et qu'on accepte d'être un peu perdu dans ce dédale de mécaniques et d'éléments à découvrir. Le jeu est fait avec passion. Son exploration est addictive et gratifiante. On regrette peut-être que la simulation du magasin ne soit pas plus poussée tant elle devient anecdotique dans le dernier tiers du jeu. Pour autant, on remercie Brent Arnold de s'adresser aux joueurs plus occasionnels, en ne les obligeant pas à pousser les différentes mécaniques du jeu à leur paroxysme. On peut donc jouer à Final Profit pour se détendre et passer un bon moment dans ce drôle d'univers plutôt attachant. Attention à ne pas développer une nouvelle addiction !


Conclusion du test de Final Profit : A Shop RPG
Test de Final Profit : A Shop RPG
Peut-on renverser le capitalisme en devenant millionnaire ?
